Le Seine-et-Marnais Raphaël Desroses a raccroché les baskets du milieu professionnel pour se consacrer désormais à sa vie de commentateur sur SFR Sport et à celle d’entraîneur en formation. Mais l’appel de la balle orange était tel que l’ailier a signé en N2 avec Vanves. Interview d’un joueur à l’emploi du temps bien rempli, et qui a commencé le basket en Seine-et-Marne.
Raconte-nous un peu ton parcours quand tu as commencé le basket.
J’ai commencé à Dammarie-les-Lys en minime deuxième année. C’était le moment où la NBA était en clair donc j’ai un peu été pris d’amour pour le basket. J’avais essayé un peu tous les sports et le basket c’était aussi le moins cher donc ça m’arrangeait bien. J’ai joué deux ans au niveau départemental à Dammarie. Ensuite, pendant les finales régionales, il y a avait les trois quarts de l’équipe du Mée donc j’ai été pris en sélection de Seine-et-Marne pour remplacer justement les mecs qui n’étaient pas là. C’est comme ça que je me suis fait remarquer par le coach d’Avon, Olivier Frigo, qui était aussi, à l’époque, entraîneur de sélection en la Seine-et-Marne. Pour ma deuxième année cadets je suis parti jouer à Avon en région. A la fin de cette année là je suis allé faire des essais à Poissy. Je me suis incrusté avec un pote qui y allait. On est allé faire des essais à Poissy-Chatou et c’est comme ça que je me suis fait remarquer pour entrer en centre de formation. C’est vraiment là que j’ai commencé à connaître le basket de haut niveau parce qu’avant ça je n »avais jamais joué au-dessus de département ou région. Je suis donc entré au centre de formation pour ma dernière année cadet, c’était aussi ma dernière année au poste de pivot (rires). J’ai commencé tellement tard que j’ai commencé à jouer sur une position qui n’était pas vraiment la mienne. C’est à partir de ma première année espoir que je me suis décalé à l’aile et que j’ai joué au poste qui a fait ma carrière. C’était sous les ordres de Philippe Rivet et Sylvain Lautié, qui ont un peu été les premiers à croire en moi en tant que joueur professionnel. J’ai d’ailleurs fait mes premières entrées en pro à la fin de cette année-là. Au total j’ai fait trois ans à Poissy. Quand Sylvain Lautié est parti, j’étais moins en odeur de sainteté au club donc j’ai décidé de le rejoindre à Montpellier. Finalement l’année où je suis arrivé il est parti (rires). J’ai donc fait ma dernière année espoir à Montpellier qui s’est très bien passée, au point de faire un All Star Game Espoirs. A la fin de cette année-là, je ne voulais pas arrêter les cours. Je voulais aller à la fac et continuer mes études. Quand je suis arrivé à Montpellier j’avais privilégié le basket à fond, je m’étais inscrit en STAPS mais je n’y allais pas souvent à cause du rythme des pros. Je me suis donc dit que si j’avais un contrat en Pro A, et encore mieux à Montpellier, j’aurais fait l’effort de mettre mes études de côté, mais si c’était pour de la Pro B -sans faire injure à cette division- je ne prendrais pas le risque d’arrêter mes études. C’est comme ça que j’ai décidé de partir aux Etats-Unis. Manque de chance, je n’ai pas pu m’inscrire pour passer le SAT (Scholastic Aptitude Test : test d’aptitude obligatoire pour rentrer en université, ndlr), c’était trop tard. Ce qui est dommage c’est que j’étais déjà à la fac donc j’aurais pu aller à la fac aux Etats-Unis. Comme j’ai raté la dernière session du SAT, je suis parti deux ans en Junior College. Un an en Floride et l’autre dans le Kansas.
Au moment d’être transféré dans une vraie fac que j’avais trouvée, on m’a fait comprendre que j’allais être suspendu de jouer en fac parce que j’avais déjà joué en Pro. A l’époque ils étaient vraiment chiants avec ça, ils ne regardaient même pas si tu avais gagné de l’argent ou pas. Si tu avais joué en Pro, tu étais suspendu. Ça m’a pas mal handicapé parce que j’ai su le 15 août que je n’allais pas pouvoir repartir aux Etats-Unis alors que j’avais refusé des offres de Rueil et Nancy. Je me suis retrouvé comme ça au chômage (rires). C’était difficile en matière de timing parce que si j’avais su un mois plus tôt et bah j’avais un job. Je ne me suis pas démoralisé, je suis allé avec Levallois qui était à l’époque en N1 où je faisais de mon mieux. A la suite de ça, j’ai fait des essais à Cholet et au Mans, et c’est finalement à Cholet que j’ai lancé ma carrière Pro.
Que t’a apporté ton expérience aux Etats-Unis ?
Ça m’a appris la dureté physique et mentale parce que là-bas ils ne te font pas de cadeau. Tu es livré à toi-même, surtout en Junior College. C’est un peu l’équivalent d’un BTS en matière d’études, quand tu reviens en France tu reprends en 3e année, tu ne repars pas de zéro. Comme je suis parti après mes années Espoirs, si j’avais dû faire quatre ans de fac pure, je serai sorti de là-bas à 25 ans (rires) ! Junior College aux USA, c’est soit les mecs qui n’ont pas le niveau basket, soit ceux qui n’ont pas le niveau scolaire. C’est quand même un niveau intéressant, mais il y pas mal de chances de tomber sur des cas sociaux (rires) !
Tu as eu une carrière riche avec pas mal de clubs, dans lesquels t’es-tu senti le mieux ?
Forcément Limoges, c’est là où je suis resté le plus longtemps. Poissy en jeunes parce que forcément je suis resté trois ans là-bas et ça m’a marqué même si je n’étais pas vraiment en pro. Antibes aussi sur la fin, j’ai gardé beaucoup de bons contacts là-bas. Il y en beaucoup quand même (rires) ! Mais, c’est vrai que Bourg-en-Bresse c’était un peu spécial parce que c’était une super année pleine mais la gestion de ma blessure m’a un peu affectée. Je me suis beaucoup sacrifié pour le club et à la fin de l’année, au moment de signer le contrat, on m’a presque reproché d’être blessé alors que je m’étais blessé pour le club. C’est ce qui a gâché un peu le truc. Roanne la deuxième année (2014/15), je me suis vraiment senti bien là-bas également.
Comment es-tu passé du terrain au micro ? Comment es-tu entré en contact avec SFR ?
J’ai toujours eu cette passion. Je suis un grand bavard et puis je kiffe le basket. Je regarde beaucoup de matchs et c’est vrai que j’ai toujours eu en tête de mettre un pied dans les médias si j’en avais l’occasion. Ma famille est basée dans le Sud de la France depuis mes années à Antibes et ma priorité -même en tant que joueur- c’était de surtout rester dans le Sud. J’ai quand même toujours fait une exception pour Paris comme je suis d’ici à la base. Donc cet été, ma priorité c’était de continuer en pro mais dans le Sud et finalement il n’y avait pas d’opportunité donc j’ai commencé à faire la transition en m’ouvrant au marché de la N2. Comme je passe mes diplômes d’entraîneur, il fallait que je dégage du temps pour ça. Aller dans un club pro, loin de ma famille et en plus devoir coacher ce n’était pas quelque chose d’envisageable. Je n’aurais pas pu tout faire à la fois. Je me suis donc tourné vers le marché de la N2 et Vanves m’a contacté. Peu de gens pensaient que j’étais vraiment intéressé par la N2 comme je sortais d’une plutôt bonne saison en Pro B. Quand j’ai su que Vanves était intéressé ça a fait tilt dans ma tête. Les médias c’est à Paris et quand j’ai vu qu’il y avait cette opportunité-là, j’ai contacté David Cozette parce que je suis proche de Fred Weis, qui est aussi sur SFR Sport et qui est un ami. On échangeait beaucoup là-dessus et il m’a dit que si SFR décrochait les Coupes d’Europe, il pourrait y avoir de la place. Quand j’ai eu cette info, j’ai contacté David qui m’a confirmé ce que Fred m’avait dit. Il m’a proposé un essai en cabine pour voir s’il me sentait capable. J’étais aussi très proche de Marseille, du SMUC, car j’ai des amis qui jouent là-bas et que j’ai de bons contacts avec le président. Ça m’aurait aussi permis de rester dans le Sud près de ma famille. J’ai longtemps, longtemps hésité… Au final, comme à Marseille ils ont su très tard que j’étais intéressé par la N2, ils avaient déjà donné leurs contrats aux joueurs et aux coachs donc ils ont eu du mal à dégager une enveloppe pour moi. Même si j’étais prêt à faire un effort financier. Ça a traîné un peu de ce côté-là et puis finalement j’ai écouté la passion et je me suis dit « allez hop, essaye le truc, tu verras bien ce qu’il se passe, mais au moins tu n’auras pas de regret à la fin ». C’est comme ça que je me suis retrouvé à Vanves dans un premier temps, puis à SFR Sport. Quand j’ai fait l’essai fin août et que David Cozette m’a rappelé, j’ai pu mettre ce pied dans les médias comme je le voulais. Au début, je pensais vraiment faire que des matchs en cabine et finalement j’ai directement commencé sur le terrain avec le Match des Champions. Je me suis retrouvé dans le grand bain et franchement c’est un plaisir depuis. Je remercie David de m’avoir tendu la main parce que, même si c’est moi qui l’ai démarché à la base, tu as beau frapper à la porte, si on ne te l’ouvre pas tu restes dehors.
Après avoir commenté plusieurs matchs, c’est quelque chose qui te plaît ?
Je n’avais même pas besoin de commenter un match pour savoir que ça me plaisait. C’est un truc qui m’a toujours plu, c’est un truc que j’avais en tête depuis longtemps mais je ne voulais pas « appuyer sur le bouton » trop tôt sans être prêt vraiment à m’engager. Je ne voulais pas contacter quelqu’un du milieu pour lui dire que je voulais faire ça et puis finalement lui dire que je ne pouvais pas parce que je jouais ici ou là. C’est quelque chose qui me tenait à cœur mais je voulais vraiment appuyer sur le bouton au bon moment pour vraiment être disponible et bien faire les choses. Ça s’est bien goupillé parce qu’en parallèle du basket et de SFR, j’assiste aussi sur le Pôle Espoirs d’Île-de-France à Châtenay-Malabry pour obtenir mon DE (Diplôme d’Etat). Tous les emplois du temps ont réussi à s’emboiter comme un puzzle et j’en suis super content parce que ce n’était pas gagné. Avec Vanves j’avais prévu d’avoir mes lundis off pour pouvoir revenir que le mardi et profiter de ma famille, finalement SFR a pris cette case-là, mais tout le monde est content. Ma femme et mes enfants savent pourquoi je fais ça, je prépare ma « reconversion », ce n’est pas juste pour le fun. Mon planning est bien rempli mais c’est justifié.
Devenir entraîneur professionnel, c’est un objectif ?
Le coaching c’est aussi quelque chose qui me passionne. Je veux rester proche du basket, il n’y a pas de secret. Je n’ai pas de projet précis, je ne me dis pas qu’il faut que je sois coach pro ou autre, je fais ce qui m’intéresse. Être assistant ça m’intéresserait comme être coach espoirs parce que j’aime bien travailler avec les jeunes ou encore être coach de N2 parce que ça me permettrait d’être en famille dans le Sud tout en étant à un niveau super-intéressant. Je voudrais déjà avoir un bagage. Je pense que l’année prochaine je passerai mon diplôme d’assistant vidéo pour au moins pouvoir être assistant au plus haut niveau si jamais j’ai une opportunité. Après je pense que je ferai une petite pause, ça dépendra vraiment aussi de comment ça se passe avec SFR, comment ça se passe au niveau du basket si on arrive à accrocher la montée avec Vanves. C’est toutes ces choses-là qui font que je ferai un bilan à la fin de l’année et que je verrai vers quoi je m’oriente. En tout cas, j’espère vraiment réussir mon DEJEPS cette année pour déjà avoir tous les bagages nécessaires et avoir de bonnes options à la fin.
Suis-tu ce qu’il se passe dans le 77 ?
Je n’ai pas de gros contacts, mais je suis quand même. Au Pôle on a des gamins qui viennent de Marne la Vallée et je connais bien Mathias Ona Embo. Je suis ça un peu de l’extérieur. Je sais un peu quelles sont encore les places fortes, je regarde ce que fait Le Mée en N3 tous les week-ends. Marne-la-Vallée et Le Mée sont toujours les clubs qui oscillent un peu entre la N3 et la N2, mais c’est dommage que dans le 77 il n’y ait pas au moins un club capable de rester en N2 pour y jouer le haut de tableau.
Quand tu étais plus jeune, quels étaient les clubs phares du 77 ?
Marne la Vallée et Le Mée. Moi j’étais entre Melun, Dammarie et Le Mée. Je voyais plus Le Mée mais Marne-la-Vallée je connaissais aussi. Il y a aussi Coulommiers qui, à un moment, était en N2 aussi même si aujourd’hui ils sont redescendus en N3. Je connais un peu le basket seine-et-marnais mais je ne suis pas non plus à fond.
Tu joues aujourd’hui en Nationale 2 à Vanves. Dans le 77 il y a 4 équipes en Nationale 3, te vois-tu revenir ici ?
(rires) Honnêtement je ne sais pas si je jouerai un jour en N3. Si j’avais vraiment voulu faire un choix de confort cet été, j’aurais pu aller en N3 dans le Sud, mais j’avais peur pour le niveau. En N2 je prends encore vraiment du plaisir parce que c’est vraiment un mélange de haut niveau et d’amateurs. Je trouve qu’il y a déjà un fossé entre la N3 et la N2 même si à Paris c’est un peu moins vrai comme ça a toujours été plus dense en région parisienne que dans les autres régions. La Nationale 3 c’est un niveau qui m’intéresse moins, ça serait plutôt pour coacher à la rigueur. Mais je ne pense pas que je jouerai un jour en N3 à part vraiment si je peux être à côté de ma femme et mes enfants dans le Sud au chaud (rires).